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Ceux-ci s’agitent autour de leurs demeures et vaquent à leurs devoirs domestiques. Les mères soignent leurs petits, les pères de famille partent pour la pêche ou la chasse. Les jeunes caïmans entraînent à l’écart les jeunes caïmanes. Telle est la perfection de la mise en scène, que l’on croirait voir un peuple civilisé.

Le village des crocodiles

Séparée de tout ce mouvement, Astarbé se tient mélancoliquement assise aux bords du rocher. Moïse vient de la quitter pour quelques visites de famille. Elle pense à son époux, dont elle tient la miniature, et, après avoir versé un torrent de larmes et de vers, elle s’enveloppe dans son burnous en déclarant que,

Ne voyant plus Kléber, elle ne veut plus rien voir !

L’aigle chauve paraît alors dans les nuages, descend lentement, saisit, dans ses serres, les quatre coins du burnous et emporte la jeune fille à travers les airs !

Moïse, qui arrive dans ce moment, s’élève en vain sur sa queue en tendant vers elle des pattes éplorées ; Astarbé disparaît dans les nuages !