Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Quelles que fussent, du reste, ces fortunes, chacun les portait sur soi, dans un portefeuille, comme le prouvent les pièces de M. Scribe, et l’on pouvait ainsi les léguer sans testament ; usage évidemment adopté par suite de la légitime terreur qu’inspiraient les notaires.

« Si des habitudes morales de la nation nous passons maintenant à ses habitudes extérieures, nous ne les trouverons ni moins singulières, ni moins variées. Le costume surtout offrait d’étranges disparates. Tandis que les députés paraissaient à la tribune sans autre vêtement qu’un manteau, comme le prouve le tombeau du général Foy, les chefs militaires portaient, même à pied, la culotte de peau de daim et les grandes bottes à l’écuyère, ainsi qu’on peut le voir dans la statue du général Mortier. Il y a même lieu de croire qu’ils se promenaient parfois revêtus d’une cuirasse, car l’auteur des Méditations dit positivement, en parlant de l’empereur Napoléon :

Rien d’humain ne battait sous son épaisse armure.

« Ce qui fait nécessairement supposer qu’il en avait une. La capote grise dont parle Bérenger n’était sans doute que son costume de petite tenue.

« Les statues colossales trouvées parmi les décombres de l’ancienne place de la Concorde, et représentant, comme nous l’avons prouvé ailleurs, les princesses du sang royal, indiquent également le costume des femmes. Il était évidemment plus favorable aux belles formes qu’aux rhumes de poitrine ; aussi tous les auteurs du temps signalent-ils la phthisie comme une des affections les plus communes chez les Françaises du dix-neuvième siècle.

« Le peu d’accord des costumes adoptés dans les différents monuments de l’art français prouve d’ailleurs jus-