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taires du royaume, nous croyons plus simple de les renvoyer aux portraits gravés en tête de ce chapitre.

Il nous semble seulement nécessaire de joindre, sur les habitudes de Maurice, quelques explications que l’intelligence la plus subtile aurait peine à déduire de ce gracieux croquis.

Et avant tout, nous devons déclarer que, bien qu’il fût jeune et amoureux, il n’appartenait point à la phalange des hommes de fantaisie qui se sont eux-mêmes décorés du nom de charmants égoïstes. Maurice (il faut bien l’avouer !) était un de ces esprits singuliers qui prennent plus d’intérêt aux destinées du genre humain qu’aux bals de l’Opéra. Tourmenté par la vue de tant de douleurs sans consolation, de tant de misères sans espoir, il en était venu à rêver le bonheur des hommes, comme si la chose en eût valu la peine, et à chercher par quel moyen il pourrait s’accomplir, bien qu’il n’eût reçu, pour cela, aucune mission du gouvernement

Il se mit, en conséquence, à étudier les œuvres de ceux qui s’étaient posés comme les penseurs sérieux et comme les sages du temps. Les premiers auxquels il s’adressa furent les philosophes. Ils lui expliquèrent dogmatiquement, au moyen de formules qui avaient tout l’agrément de l’algèbre sans en avoir la précision, ce que c’était que le relatif et l’absolu, le moi et le non moi, le causal et le phénoménal !… quant au reste, ils n’y avaient point songé ! La philosophie ne s’occupait que des grands principes, c’est-à-dire de ceux qui ne vous rendent ni plus heureux ni meilleurs !

Maurice, peu satisfait, s’adressa aux publicistes, aux historiens, aux légistes. Ils lui analysèrent, tour à tour, les différentes constitutions, et lui commentèrent les différents