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au bord du lac.

Tout l’ameublement de la cabane consistait en quelques escabelles, en une table grossièrement équarrie, et en une claie dressée sur quatre pieux de bois et garnie de paille fraîche ; c’était là le seul lit de l’habitation.

Un homme en cheveux blancs y était couché, les yeux fermés ; mais il était aisé de voir, à sa respiration entrecoupée et au léger tremblement de ses lèvres, que la maladie l’y retenait plutôt que le sommeil. Un jeune garçon d’environ seize ans, assis près de là au foyer, s’occupait à entretenir le feu sous une bassine de fer.

Il venait de la découvrir et semblait savourer l’odeur succulente qui s’en exhalait, lorsqu’une jeune fille de son âge entra portant un morceau de beurre enveloppé dans un lambeau de toile rousse.

— Bonjour, Jehan, dit-elle tout bas, et en tournant les regards vers le lit, comme si elle eût craint d’éveiller le malade.

Jehan se détourna vivement à cette voix connue ; un éclair de joie traversa l’expression habituellement mécontente de son visage.

— Bonjour, Catie, reprit-il d’un ton doux et caressant, en faisant un pas vers la jeune fille.

— Comment va le père ? demanda-t-elle.

Jehan secoua la tête.

— Toujours bien faible ! Cette maladie a été une rude secousse, et il faudra bien des soins pour qu’il retrouve la santé.