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l’esclave.

— Mon dieu m’aime, répondit Nafel ; il veut se servir de moi pour soutenir sa loi. Chaque fidèle qui meurt féconde de son sang la croyance nouvelle. À force de voir tomber des martyrs en les entendant crier : Je suis chrétien ! on se demandera ce que signifie ce mot qui apprend aux hommes à mourir sans regret et en pardonnant à leurs bourreaux.

— Et que veut-il dire ? demanda Arvins.

— Il veut dire que l’on croit au seul vrai Dieu, à celui qui a fait la terre pour les hommes, et les hommes pour qu’ils vivent comme des frères. Toutes les fausses divinités qui se partagent maintenant l’adoration, tomberont bientôt ; car elles ne sont que les symboles des passions humaines ; il ne restera que le Dieu qui est à tous comme le soleil.

— Et qu’ordonne sa loi ? demanda Arvins.

— La liberté et la fraternité entre les hommes ; le bonheur de tous et le dévouement de chacun. Les plus saints, à ses yeux, ne sont pas les heureux, mais ceux qui souffrent. Elle vient pour détruire la violence et briser les fers, non par la révolte, mais par la persuasion. Un jour arrivera, et il n’est pas loin peut-être, où l’égalité des hommes sera proclamée ; car le christianisme, ce n’est pas seulement une croyance, c’est la loi humaine, l’esprit de l’avenir ; c’est une nouvelle ère annoncée au monde.

— Et nous ne la verrons pas, dit le fils de Norva.

— Qu’importe ? la terre n’est qu’un lieu de passage. Même réformée par la loi du Christ, elle sera seule-