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au bord du lac.

— Trois mille sesterces.

L’enfant joignit les mains avec désolation.

— Je n’en ai que deux mille, murmura-t-il…

Mais un espoir traversa tout à coup sa pensée. Beaucoup de ses compagnons avaient un pécule ; ils ne refuseraient point sans doute de lui prêter chacun quelques as, et il pourrait peut-être réunir ainsi ce qui lui manquait. Il courut à l’intendant qui se retirait.

— Je reviendrai bientôt avec les trois mille sesterces, dit-il d’une voix suppliante ; promettez-moi seulement de suspendre le châtiment.

— Je te donne jusqu’à la quatrième heure.

Arvins le remercia, embrassa sa mère en pleurant, et partit.

Il courut d’abord chercher son pécule qu’il compta de nouveau. Il lui manquait bien mille sesterces pour compléter la somme demandée ! Il descendit à l’appartement des esclaves afin d’implorer leurs secours.

Mais il n’en trouva aucun. Tout était en rumeur dans la maison de Corvinus. Poursuivi par les fænerateurs, dont les prêts usuraires avaient hâté sa ruine, le jeune patricien venait de quitter sa demeure que les gens de justice avaient envahie. Des écriteaux, portant copie de l’édit du magistrat, et annonçant la vente de tout ce qui lui avait appartenu, étaient déjà suspendus au-dessus du seuil. Les administrateurs du trésor de Saturne, qui devaient présider à l’encan, venaient d’arriver, ainsi que l’argentier chargé de recevoir le