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l’esclave.

— C’est impossible, dit-il ; je verrai votre maîtresse ; je me jetterai à ses pieds.

— Si tu la fatigues, elle t’infligera le même supplice, interrompit l’affranchi.

— À moi ! s’écria l’enfant.

— Elle le peut en payant à Corvinus le tort qu’elle lui aura fait. Oublies-tu qu’un esclave n’est autre chose qu’un vase de prix ? Si on le fêle ou si on le casse, on en dédommage le maître, et tout est dit.

— Laisse-moi, laisse-moi, s’écria la mère épouvantée.

Mais Arvins ne l’écoutait pas. Ils arrivèrent tous ensemble à la demeure de Métella. La matrone n’était point encore rentrée. On avertit l’intendant qui vint savoir de quoi il s’agissait. Arvins voulut essayer la prière ; il fut repoussé rudement.

— N’est-il donc aucun moyen de sauver ma mère ? demanda l’enfant désespéré.

— Achète-la, répondit l’intendant avec ironie.

— L’acheter ! répéta Arvins ; un esclave peut-il en acheter un autre ?

— Ne sais-tu donc pas ce que c’est qu’un vicaire ?

L’enfant se rappela en effet que quelques-uns de ses compagnons avaient, sous leurs ordres, des esclaves auxquels ils laissaient faire les travaux les plus rudes et les plus grossiers ; mais il ignorait qu’ils eussent été achetés de leur pécule.

— Que faudrait-il pour délivrer ma mère ? demanda-t-il en tremblant.