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l’esclave.

matrone, qui passait, précédée et suivie d’un peuple entier d’esclaves. Elle était à demi étendue dans une litière, le coude gauche appuyé sur un coussin de laine des Gaules, la tête ornée d’un voile si léger que chaque souffle du vent semblait près de l’emporter, et ses cheveux noirs ruisselants de perles fines. Pour combattre la chaleur qui était accablante, elle tenait à chaque main une boule de cristal, et autour de son cou découvert s’enlaçait un serpent apprivoisé. Deux coureurs africains, portant une ceinture de toile d’Égypte, d’une blancheur éclatante, et des bracelets d’argent, précédaient sa litière. Ils étaient suivis d’une jeune esclave qui ombrageait le visage de Métella avec une palme ornée de plumes de paon et fixée au bout d’un roseau des Indes ; à côté, marchaient des Liburniens portant un marchepied incrusté d’ivoire pour descendre de la litière ; enfin, derrière venaient près de cent esclaves richement vêtus.

Après avoir regardé un instant ce splendide cortège, Arvins détourna les yeux avec indifférence. Depuis qu’il fréquentait la voie Appienne, l’habitude l’avait blasé sur les prodiges du luxe romain. Les esclaves formant la suite de la matrone étaient déjà passés presque tous, et les Numides de Corvinus avaient repris leur course ; le jeune Celte allait les suivre, lorsqu’un cri se fit entendre à quelques pas. Arvins détourna vivement la tête : une femme s’était séparée du cortège de Métella, et tendait les bras vers lui…