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dans sa splendide villa, un de ces appartements tapissés de nattes, et à peine meublés, que l’on appelait la chambre du pauvre. Il s’y était confiné quelques jours avec un seul esclave, se nourrissant de pois chiches et de radis qu’on lui servait dans des plats de terre sabine, et qu’il mangeait assis sur une escabelle à trois pieds. Mais cette vie frugale ne tarda point à le fatiguer. Le repos de la campagne lui avait fait regretter le tumulte de la ville, et, renonçant aux plaisirs champêtres tant vantés par les poëtes citadins, il donna ordre de retourner à Rome sans attendre la froide saison.

Les nouvelles fonctions d’Arvins l’obligeaient à suivre son maître dans les promenades en char qu’il faisait chaque jour hors de la ville. La voie Appienne, toute bordée de tombeaux, d’arbres et de statues funéraires, était alors le rendez-vous de la société la plus élégante. On y trouvait les femmes célèbres par leur beauté, leur richesse ou leur coquetterie ; les sénateurs enrichis par leurs délations ; les capteurs de testament et les affranchis devenus les favoris de l’empereur ; enfin les descendants de ces chevaliers dont la mollesse avait déshonoré le nom de trossules donné à leurs ancêtres après la prise d’une ville d’Étrurie[1].

Un jour qu’Arvins avait suivi son maître comme de coutume, un embarras força les Numides qui précédaient le char à s’arrêter. C’était Métella, la célèbre

  1. Trossila.