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au bord du lac.

Celtes à la sortie du bain ; on peigna soigneusement leurs longues chevelures, on y mêla quelques ornements, en ayant soin toutefois de conserver le caractère d’étrangeté qui prouvait leur origine. Enfin, la quatrième heure venue, après avoir posé sur leur front la même couronne de feuillage qu’ils avaient lors de leur entrée à Rome, et leur avoir suspendu au cou un petit écriteau sur lequel étaient relatées les qualités de chacun, on les fit monter sur des échafauds dressés devant la taverne, en leur adjoignant une quinzaine d’anciens captifs dont le propriétaire espérait se défaire à l’aide de l’affluence qu’attirerait la vente des Armoricains.

D’après la loi qui ordonnait aux maquignons de déclarer l’origine de leurs esclaves par des signes extérieurs, ces derniers ne portaient point la couronne de feuillage qui distinguait les prisonniers de guerre ; mais leurs pieds frottés de craie annonçaient qu’ils étaient d’outre-mer. Quelques-uns d’entre eux étaient coiffés d’un bonnet de laine blanche pour annoncer que le maquignon ne répondait point de leurs qualités, et ne voulait prendre, à leur égard, vis-à-vis des acquéreurs, aucune des responsabilités dont la loi le chargeait.

Pour la seconde fois le Forum romain étalait sa splendeur devant les habitants de l’Armorique ; mais si les pauvres captifs avaient retrouvé dans le repos un peu de leur ancienne force, leurs âmes n’étaient ni moins tristes ni plus accessibles aux distractions. Tout