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le chevrier de lorraine.

— Au nom de Dieu le Père… et de son Fils, balbutia-t-il, qui que vous soyez… secourez-nous !…

— Qui es-tu, et que fais-tu là ? demanda la vieille femme.

Remy lui expliqua en mots entrecoupés comment lui et son conducteur avaient été surpris par la nuit au lieu où ils se trouvaient. Il la supplia de nouveau de lui indiquer un gîte et de l’aider à y conduire son compagnon. La vieille femme, qui avait d’abord paru balancer, se décida enfin ; elle prit un des bras du Père Cyrille, tandis que Remy prenait l’autre, et tous deux le conduisirent ainsi jusqu’à la colline qui bordait le taillis.

Un vieux château depuis longtemps ruiné la dominait, et ses tours ébréchées se dessinaient en blanc sur le ciel chargé de brouillards sombres. Après leur avoir fait suivre un sentier rocailleux et franchir des débris de murailles, la vieille femme poussa enfin la porte d’une sorte de cave souterraine conservée intacte au milieu des ruines, et dont elle avait fait son habitation. Elle quitta un instant ses hôtes et reparut bientôt avec une lampe allumée ; mais à la vue de la robe du Père Cyrille, que la nuit ne lui avait point permis jusqu’alors de distinguer, elle ne put réprimer un mouvement de surprise et presque d’épouvante.

— Un moine ! s’écria-t-elle.

— Aimeriez vous donc mieux un soudard ? dit en souriant le religieux, qui commençait à se ranimer. Ne craignez-rien, bonne femme, nous sommes des