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au bord du lac.

les hurlements dans la nuit, ils s’avancèrent vers le chœur et s’assirent près du dernier feu qui jetât encore quelques lueurs. Ils se trouvaient ainsi à quelques pieds du frère Cyrille et de son protégé.

Tous deux avaient sans doute leurs raisons pour s’éloigner de leurs compagnons ; car ils parlèrent longtemps, vivement, à voix basée, et le nom de Jeanne revenait sans cesse dans cet entretien mystérieux. Ils s’interrompirent cependant tout à coup en tressaillant.

— N’as-tu pas entendu remuer derrière toi ? demanda Exaudi nos.

— Oui, dit le messager en se retournant.

— Il y a quelqu’un là sur la litière de feuilles.

— C’est un moine qui dort.

— Il est seul ?

— Tout seul.

L’archer se rassura, reprit la conversation qui dura encore quelque temps, puis tous deux s’assoupirent autour du feu éteint.

Mais avant le jour la voix de Jeanne se fit entendre ; elle réveillait ses compagnons.

— Allons, messire Jean de Metz, messire Bertrand de Poulengy, disait-elle, il est temps de remettre le pied à l’étrier, afin d’aller où Dieu nous envoie.

Les gentilshommes secouèrent un reste de sommeil et se levèrent. Après la prière dite à haute voix par la jeune paysanne, on brida les chevaux et on les fit sortir sous le porche, où chacun se mit en selle.