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le chevrier de lorraine.

de s’en aller vers Dieu, il a prié le religieux qui le confessait d’écrire sur un parchemin, en m’ordonnant de vous l’apporter dès qu’il ne serait plus.

— Et tu me l’apportes ?

Remy tira de son escarcelle un rouleau soigneusement ficelé et scellé à la cire noire, qu’il présenta au moine. Celui-ci rompit les liens, déroula le parchemin et lut tout haut ce qui suit :

« Moi, Jérôme Pastouret, éleveur de chèvres à Pierrefitte, me sentant près de paraître devant Dieu, je crois devoir révéler un secret dont peut dépendre tout l’avenir de l’enfant que j’ai élevé sous le nom de Remy. »

Le jeune garçon étonné redressa la tête.

« Je déclare donc, continua le moine, devant Dieu et devant ses créatures, que cet enfant m’a été remis par un chef de Bohémiens, nommé le roi Horsu, et qu’il n’est pas mon fils. »

Un cri poussé par Remy interrompit le frère Cyrille.

— Que dites-vous ? balbutia-t-il éperdu.

— Sur mon âme ! il y a bien cela, reprit le moine en montrant le parchemin.

Le jeune garçon le saisit à deux mains, regarda, et relut ces mots : « Il n’est pas mon fils ! »

Il recula en joignant les mains.

— Est-ce possible ? murmura-t-il… Celui que je croyais mon père… Mais quelle est donc ma famille, alors ?