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le serf.

parcourent à pied. Les marchands font leurs affaires à cheval, les médecins visitent leurs malades à cheval, les moines mêmes prêchent à cheval. Il n’y a que les conseillers qui se rendent au Palais sur des mules.

« Le nombre des charrettes est immense ; mais elles font peu de bruit, celles qui transportent des vivres ayant seules le droit d’avoir des roues ferrées.

« Du reste, vous pourrez encore peut-être, à force d’imagination, vous figurer ce qu’est Paris le jour ; mais c’est la nuit qu’il faut le voir avec ses mille lanternes allumées devant les niches des saints, ses troupes de soldats parcourant les rues, et le grand murmure de la Seine sous ses immenses ponts ! Puis à minuit toutes les cloches sonnent à la fois, les cierges se rallument dans les églises, les prêtres y accourent, l’orgue retentit, et l’on croirait entendre les anges chanter dans le ciel. Tout se tait ensuite jusqu’à matines où le branle reprend, et où l’on voit accourir bedeaux, chantres, enfants de chœur : les messes commencent ; les prêtres vont dans les cimetières, à la lueur des torches, prier de tombe en tombe pour le repos de ceux qui sont morts ; enfin le jour se lève, et alors le bruit de la ville qui se réveille couvre tous les autres bruits.

« Hier j’ai vu dîner le roi ; le repas se composait de volailles, d’œufs, de porc, et de beaucoup de pâtisseries dont j’ignore le nom. Mais ce qui faisait envie à voir, c’était le dessert. Un bourgeois qui se trouvait