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du coteau en froissant la terre et en se heurtant comme une troupe de géants qui auraient trop bu ; elles passèrent ainsi pêle-mêle à côté des deux hommes, et disparurent dans la nuit.

Alors le mendiant se précipita vers la bruyère suivi de Bernèz, et, aux places où s’élevaient un peu auparavant les grandes pierres, ils aperçurent des puits remplis d’or, d’argent et de pierreries qui montaient jusqu’au bord.

Bernèz poussa un cri d’admiration et fit le signe de la croix ; mais le sorcier se mit aussitôt à remplir ses bissacs, en prêtant l’oreille du côté de la rivière.

Il finissait de charger le troisième, tandis que le jeune homme remplissait les poches de sa veste de toile, lorsqu’un murmure sourd comme celui d’un orage qui arrive se fit entendre au loin. Les pierres avaient fini de boire et revenaient prendre leurs places.

Elles s’élançaient, penchées en avant comme des coureurs, et brisaient tout devant elles. Quand le jeune homme les aperçut, il se redressa en s’écriant :

— Ah ! Vierge Marie, nous sommes perdus !

— Non pas moi, dit le sorcier, qui prit à la main l’herbe de la croix et le trèfle à cinq feuilles, car j’ai ici mon salut ; mais il fallait qu’un chrétien perdît la vie pour m’assurer ces richesses, et