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ÉMILE SOUVESTRE.

meurait autrefois un homme appelé Marzinn : il était riche pour le canton, c’est-à-dire qu’il pouvait faire saler un petit porc tous les ans, manger du pain noir à discrétion et acheter une paire de sabots le dimanche du laurier7.

Aussi, passait-il pour fier dans le pays et avait-il refusé sa sœur Rozenn à beaucoup de jeunes garçons qui vivaient de leur sueur de chaque jour.

Parmi eux, se trouvait Bernèz, brave travailleur et digne chrétien, mais qui n’avait apporté pour légitime, en venant dans le monde, que la bonne volonté. Bernèz avait connu Rozenn toute petite, quand il était arrivé de Pont-Scorff-Bidré pour travailler dans la paroisse, et elle l’avait souvent poursuivi avec la chanson que les enfants répètent à ceux de son pays :


Pont-Scorff-Bridé,
Chair de chèvre, Béé8 !


Cela leur avait fait faire connaissance, et, petit à petit, à mesure que Rozenn grandissait, l’attachement de Bernèz avait également grandi, si bien qu’un jour il s’était trouvé amoureux comme les Anglais sont damnés, je veux dire sans rémission.

Vous comprenez que le refus de Marzinn fut pour lui un grand crève-cœur ; cependant il ne perdit pas courage, car Rozenn