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l’évangile, soucieux d’amasser dans ses greniers… Malheureux ! Demain on te demandera ton âme… C’est les mains vides que tu paraîtras devant ton juge. Ce qui n’aura été que l’objet de notre satisfaction ou gloriole ne plaidera pas en notre faveur. Tout ce qui est issu de notre vanité est faux et ridicule. Quand on s’en aperçoit sur le tard, jetant un coup d’œil rétrospectif sur ses erreurs passées, quel haussement d’épaules !

Je me suis écartée de mon sujet. Trois vices fondamentaux : orgueil, sensualité, avarice. Tous les autres découlent de ceux-ci qui sont engendrés par notre égoïsme originel. Il est naturel d’être égoïste ; c’est par la grâce que nous pouvons nous guérir de cette infirmité foncière. L’homme, parcimonieux de nature, peut devenir généreux, ce qui ne manque pas d’intervenir. Il est curieux de constater combien nous apparaît simple et facile la chose redoutée, une fois faite. C’est le premier pas qui coûte, dit le vieil adage. Que de négligences parce qu’on n’aura pas eu le courage d’allonger la main !


La Théologie nous dit que c’est par un seul acte que Dieu est bon, juste, aimant, miséricordieux, etc… En un mot, il est la Toute Puissance, la Vie. C’est aussi par un seul acte que le soleil rayonne lumière, chaleur, fécondité. Mais celui qui reste volontairement dans la cave ne recevra pas ses rayons. Par Sa toute puissance, Dieu dispense sa grâce à tous, mais celui qui reste volontairement dans les ténèbres ne la recevra pas. Une analyse frappante se trouve dans la T.S.F. Les ondes rayonnent en tous sens, mais pour entendre les communications qu’elles envoient, il faut un appareil récepteur. Pour recevoir, il faut demander. Demander, c’est l’équivalent de prier : « Demandez et vous recevrez ; frappez et l’on vous ouvrira ». Dieu est le réservoir toujours plein, la porte toujours ouverte. Tout nous est dispensé d’avance ; il faut aller le chercher. Chercher Dieu en tout sincérité, c’est se rapprocher de Lui, c’est-à-dire de la Vérité même « qui vous environnera comme un bouclier », non seulement de la vérité particulière que vous désirez, mais de toutes les vérités, dans la mesure de votre réceptivité. Nous sommes trop limités, imparfaits, pour connaître la vérité totale dont nous serons tellement éblouis… plus tard. Pénétrons-nous bien de ce sentiment d’imperfection afin d’être persuadés que nous sommes incapables de tout comprendre. Le peu que nous pouvons saisir est une petite lueur en comparaison du soleil ; mais cette lueur est un don divin inestimable, uniquement dévolu à l’espèce « homme ». Que de reconnaissance nous devons au Créateur qui nous a donné un tel appétit de connaître, sans lequel on ne saurait ni vouloir, ni aimer ! On ne sait pas vouloir sans connaître ni aimer. On ne sait pas aimer sans connaître ni vouloir. « Je suis venu apporter le feu et j’attends qu’il s’allume »