Page:Souvenirs et Reflexions.pdf/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Combien de parents se flattent, parfois avec aigreur, de s’être « sacrifiés » pour leurs enfants. Il n’y a pas là de quoi se prévaloir. Le don de soi, lorsqu’on veut fonder une famille, est naturel et obligatoire. Les enfants n’ont pas demandé à naître ; nous leur appartenons bien plus qu’ils ne nous appartiennent. Ils nous doivent affection bien plus que reconnaissance même lorsque nous avons fait envers eux tout notre devoir. À leur tour, entraînés par le bon exemple, pénétrés des bons principes que nous leur aurons donnés, ils se donneront généreusement à la tâche glorieuse d’élever des enfants, laquelle comporte le sacrifice de soi dans une large mesure.

« Pour donner une moisson d’épis, il faut que le grain consente à mourir »… magnifique image évangélique que nous devrions toujours avoir sous les yeux. « Si le grain ne meurt pas, il se dessèche et n’est bon qu’à être jeté au vent ».

La vraie vie consiste à se sacrifier journellement pour anéantir l’égoïsme commun à tous. Si tous obéissaient à cette loi, l’obligation imposée à chacun serait dans une proportion très supportable. Mais comme la plupart d’entre nous se dérobent, outre le désordre, il en résulte un surcroît de peines pour les gens de bonne volonté. La tâche négligée par l’un s’imposera nécessairement à un autre en vertu de la loi d’équilibre qui régit toute chose.


Mon Dieu, secondez nos efforts. Nous ne pouvons rien sans votre aide ; vous ne la refusez jamais quand elle est demandée d’un cœur pur et que le but de nos efforts est approuvé de vous. Quand notre volonté nous fait avancer d’un pas, une extraordinaire poussée en avant nous entraîne presque malgré nous et à notre grand étonnement. Car c’est à peine si nous osons croire à l’infinie bonté de Dieu, même quand elle se manifeste d’un manière concrète, tangible.


Qu’il se fasse en moi un grand silence ! un silence qu’aucune voix de la terre ne puisse troubler, afin que rien que de Divin ne se fasse entendre ! Ce silence, c’est au centre de l’âme qu’il peut s’établir, dans le refuge impénétrable où l’on se trouve « seul à Seul ».


Dieu est amour, il a créé par amour, il a donné à chacun de nous le besoin d’aimer. Ce n’est qu’en s’abreuvant à la source de l’amour où notre pauvre cœur puisera des forces vives qu’il pourra se retourner vers les âmes pour les aider dans la mesure de ses propres ressources. S’il ne s’alimente pas d’abord à cette source inépuisable, il ne pourra que s’attacher à ce qu’il y a de décevant et de périssable en toute