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nous ne savons pas le « comment » de ce fait ! Un être extraordinaire est venu nous dire le pourquoi des choses ; devant témoins il a accompli des merveilles. Il a prouvé son incommensurable supériorité dans tous les domaines ; à l’aide d’une doctrine qui tient en quelques pages, il a transformé le monde ! Tout ce qu’il a annoncé s’est réalisé : « mes paroles ne passeront pas » ! Et elles ne passent pas, en dépit des obstacles amoncelés par l’ignorance, la vanité, l’orgueil, le vice, en un mot la bêtise humaine ! Et il se trouve encore nombre de « Pilates » pour déclarer avec dédain : Qu’est-ce que la vérité ?…


Une bonne action est un être vivant qui engendre ; une mauvaise action est comme une maladie ; c’est un germe de mort et c’est contagieux.


« Portons le fardeau les uns des autres ». Je cueille cette belle phrase dans Saint-Paul. Qui ne sait que l’effort à donner pour rendre service est souvent en disproportion du service rendu. Le moindre coup d’épaule, un geste, un mot dit à propos peuvent parfois suffire pour tirer d’affaire des gens dans l’embarras, sauver une ou des vies. Portons-le de bon cœur ce fardeau léger en proportion de la peine qu’il dissipe.


Tout ce que nous avons de bon est un obstacle à notre besoin de tranquillité et de vie paisible. Donc si l’on veut à tout prix conquérir ce que l’on décore du nom emprunté de bonheur, il faut se réfugier dans le plus parfait égoïsme, par conséquent s’avilir en détruisant en soi les germes de beauté morale. Le bonheur n’est pas dans les contingences terrestres ; il consiste dans une attente sereine des béatitudes promises, ce qui ne va pas sans déchirements et brisements de cœur. C’est pourquoi le Juste par excellence a le sien déchiré à tous les instants de sa vie. Cloué sur une croix, Jésus nous a donné les dernières gouttes de sang de ce cœur qui a tant aimé les ingrats que nous sommes !

Je cueille cette phrase dans un chapitre du « Sacrifice » de l’abbé Buatier… « La grandeur du péché se mesure exactement à la quantité d’amour qu’il ravit, comme le froid se mesure à la quantité de chaleur qu’il soustrait, et la nuit à la quantité de lumière qu’elle dérobe ».


L’attente est un supplice ; on doit éprouver ça en purgatoire. 13 octobre 1931.