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la vie oisive des femmes de notre condition, on en arrive à excuser la sourde colère, la révolte des autres moins favorisées du sort, obligées de subvenir à leurs besoins, à ceux de leurs proches. Le Père Gratry parle du « luxe homicide des courtisanes ». Je crois, en effet, que nos riches parures absorbent des vies de pauvres femmes. Un excès de jouissance doit fatalement engendrer un excès de souffrance quelque part. Pauvres filles qui peinez, réjouissez-vous ; l’œil de Dieu vous couve avec amour. Comptez sur son aide, elle ne vous manquera pas tandis qu’il regarde avec colère vos sœurs de la terre qui ne voient pas ce qu’elles vous coûtent de privations. Votre tour viendra, et la compensation sera si belle qu’elle dépassera vos rêves les plus merveilleux. Acceptez sans révolte ce que le sort vous impose ; vous êtes les mieux partagées, si vous savez être patientes. Vous connaissez des joies que les plus comblées ignorent, elles que tourmente obscurément, sous forme d’ennui, la morsure du remords. La satiété gâte leurs plaisirs, les rends écœurants dans leur monotonie. Regardez-les ; la tristesse est peinte sur leur visage fardé. Elles sont plus à plaindre que vous ; vous le verrez plus tard.


Il est permis d’être triste, mais il ne faut pas en prendre l’air, ni avoir l’esprit chagrin. Bannissons le pessimisme, le découragement, le défaitisme. Le défaitisme !… cela dit tout ; c’est le retranchement des lâches. Défaitisme ! c’est-à-dire capitulation avant le combat ou fuite devant l’ennemi. Il est naturel d’avoir peur ; on ne se dérobe pas pour cela.


Les « embusqués » de la vie.

Ceux qui veulent en jouir à tout prix, refusant de contribuer pour leur part au fonctionnement de la pratique sociale. Ils trouveront bon que les autres acceptent la lutte de chaque jour pour remplir le devoir de citoyen, de père de famille. Ils veulent la paix, la tranquillité dans la mesure où leurs moyens pécuniaires le leur permettent.

Il y aurait bien long à dire.


Eh bien oui, la gloire est une fumée, un rien qui s’évanouit suivant les caprices de l’heure. Aujourd’hui au pinacle, demain victime de l’indifférence ou du mépris. Qui consacre une gloire ? la fantaisie du moment, une adroite réclame, un coup de chance. S’agit-il d’imposer son nom à la mémoire de la postérité ? Alors un grand criminel sera plus célèbre qu’un grand artiste ou un grand général. Néron plus que Phidias ou Epaminondas. Il ne s’agit donc pas d’être connu mais