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l’action proprement dite, extérieure à l’homme, et le développement intérieur correspondant. Lorsque celui qui agit est un être de foi, son labeur, fût-il des plus modestes, sera ennobli par la conscience de l’utilité du travail, le désir de bien faire, l’application. Il agrandit son âme, il l’enrichit et atteint, sans le savoir, le véritable but proposé aux humains. Si celui qui agit est un être de doute et de négation, il ne saura pas donner à son labeur, si élevé soit-il, toute sa signification secrète ». Et si son œuvre est une œuvre d’art, nous nous trouvons en présence de ce phénomène si facile à constater, surtout dans une certaine catégorie de peintres, par exemple. L’artiste, sachant qu’il a une âme et que ce qui se passe au plus profond de lui-même est infiniment plus intéressant qu’une copie et même une interprétation de la nature, fera une sorte de transposition du monde spirituel dans le monde matériel, oubliant que si les deux mondes se pénètrent mutuellement, ils sont radicalement distincts. Et l’on verra surgir ces formes d’art monstrueuses où tout est faux parce que rien n’est à sa place ; contours biscornus. Ne serait-ce pas le cas de citer le mot de Pascal : « Qui veut faire l’ange… ».


La véritable habileté, en art, donne l’impression de la facilité, de la spontanéité. Les gens superficiels, les demi intelligents, les nigauds basent leurs appréciations sur cette impression et prennent des airs dédaigneux devant une œuvre qui leur paraît limpide. Elle semble jaillie d’un seul jet, elle ne sent pas l’effort que dissimule une technique sûre d’elle-même ; vite on la classe dans les œuvres sans valeur. L’impression est la même devant un virtuose très maître de son instrument. L’aisance avec laquelle il se joue des difficultés fait illusion. Seulement l’auditeur possède là-dessus quelques données expérimentales. Il sait que ce qu’on exécute devant lui est difficile. En matière de composition, il ne sait pas et juge de travers.


J’admire infiniment le savant, cela va sans dire. Je l’admire au même titre que l’artiste ; ni plus ni moins. L’un et l’autre font de leur intelligence le plus noble emploi. Ce que je n’aime pas, c’est l’outrecuidance de certains savants prenant la pauvre petite lueur de leur raison pour un soleil qui doit éclairer l’Univers !


Du côté des lettres

Que les amours romantiques sont donc déplaisantes — pour ne pas dire plus ! Prenons, par exemple le couple G. S. et A. de M. Voilà