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C’est une honte, une aberration sans nom. Il faut souhaiter une femme comme celle-ci à tous les petits qui l’ont acclamée.

Chose curieuse, dans cette affaire tout est faux comme l’héroïne, elle-même fourberie incarnée.

Erronées toutes les appréciations sur elle :

« Belle » : avec ses pommettes saillantes et sa mâchoire forte ?

« Intelligente » : elle n’a pas répondu une seule fois un seul mot juste.

« C’est une grande nerveuse » ! : nerveuse, cette femme qui, au cours d’un pareil interrogatoire n’a jamais cessé de se posséder, de rester parfaitement maîtresse d’elle-même ! ! ! Pas un mouvement de révolte ou d’indignation. Et elle est accusée de parricide ! !

Tout ce qu’on a dit d’elle est de cette force. Il semble qu’il suffise d’approcher cette créature de pure artifice pour être contaminé par la fausseté qui émane d’elle.

Elle en est aimantée.

Il est tout de même bien triste de voir tant de gens se pencher avec complaisance sur de pareils échantillons. Le goût des monstres est le comble de la perversité.

Ce n’est pas tant à cause de ses mœurs que cette créature est un monstre. Les femmes galantes peuvent invoquer à leur décharge bien des excuses. Elle est monstrueuse parce qu’elle n’a pas un atome de vie propre. Elle s’agite éperdument et rien ne vibre en elle. C’est une poupée articulée ; elle n’a pas d’âme, rien que des gestes mécaniques et faux. Se laisser prendre à cela c’est être bien nigaud ou bien pervers.

La séduction — incontestable — exercée par ce genre de femme est de la même qualité et s’adresse à la même espèce d’êtres moyens (soyons polie) que des œuvres comme : Les Fleurs que nous aimons, Le Maître de Forges, Enfin seuls !, etc. etc.

Épilogue : petite anecdote absolument vraie qui m’a été rapportée par un témoin :

Dans l’escalier du palais de justice d’où elle sortait enfin libérée, cette femme « nerveuse » (!) rencontre un pasteur de ses amis, lequel, dînant en ville, avait arboré le frac et la cravate blanche :

— Ah, c’est vous mon cher X ! Comme vous êtes beau ! Vous allez donc « servir » (sic) un grand dîner…