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sur notre sort, peut-être nous croyaient-ils au feu sur quelque champ de bataille, blessés, morts peut-être.

C’était le moment des illusions. Nous visitions les immenses camps, confortablement aménagés autour de la ville, pour recevoir les Anglais, les quais de débarquement, le fort, les bateaux de pêche qui en toute hâte rentraient de la mer du Nord. Le soir nous allions lire à la sous-préfecture les communiqués officiels, la bataille de Liège, la résistance des Belges, la victoire de Dinant, notre avance en Alsace : Mulhouse, Altkirch, Ste  Marie aux Mines sont à nous. Hourrah ! Hourrah !

Au bout d’une huitaine les Anglais commencent à débarquer. Écossais à l’air martial vêtus de leur kilt (jupon) national, élite de l’armée anglaise, puis les hommes des services spéciaux, ravitaillement, mécaniciens, aviateurs, automobilistes. Alors seulement paraît un ordre du gouverneur de Boulogne de n’avoir à conserver comme interprètes que les hommes pouvant causer couramment l’anglais.

Naturellement nous ne résistâmes pas à l’examen et le lendemain on nous réembarquait pour Lille à quatre. Dogand de Carnière, Moreau St  Rémy le Verger, Henri et votre serviteur.