Au trot marche ! Je fais la pointe d’avant garde
le mousqueton sur la cuisse, résolu mais mon cœur
bat. Courtrai ! un garde casque s’offre à nous
guider, il les a vus, nous traversons la ville par quatre
toujours la population nous acclame, nous encourage.
Ils sont là, ils viennent de passer, depechez-vous.
Tout à coup, au détour d’une rue a l’autre
bout de la ville nous les apercevons huit grands
lanciers gris qui défilent au galop par un, lance
basse.
Aussitot sabre à la main et au galop triple
galop a la poursuite sur les pavés. Au hasard
l’officier decharge son revolver à 20 mètres. Couché sur
l’encolure latte en avant fou de colère et d’émotion
je ne m’explique pourquoi, je passe en tête grace à
mon cheval. Je dépasse le dernier boche sans pouvoir
l’atteindre et au moment où ma lame allait ⁁entrer percer
dans le dos d’un autre, mon cheval glisse et je ramasse
des quatres pattes sur les pavés. Bûche formidable
ou je recommande mon âme à Dieu, je sens un frolement
ce sont les autres qui me franchissent puis d’autres
qui s’étalent à coté de moi.
Je me tâte, absolument rien, mon cheval n’est plus là et j’ai conservé le sabre à la main. Derrière moi l’officier Boche qui commandait la patrouille etait déjà pris avec un de ses hommes. Ils se sont rendus très facilement. Ceux qui ne sont pas tombés ont continué la poursuite individuellement a travers Courtrai, ils en ont repris deux, tué trois autres, un seul est parvenu à s’echapper.
L’officier boche etait le comte von Schwerin neveu de l’empereur et lieutenant au 7e Cuirassiers à Sedlitz.