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362 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

L'histoire et la géographie, la zoologie et la botanique, l'an- thropologie et l'ethnographie ont également là d'amples moissons à recueillir.

Secondement, la langue sanscrite était en soi un instru- ment si délicat et si varié pour la pensée humaine qu'il suffit de l'étudier avec soin pour en déduire les rapports les plus vastes et les lois les plus essentielles. Qu'on la considère comme la mère ou simplement comme la sœur aînée de presque toutes les langues de l'Europe, les résultats sont identiques : or sa conformité frappante avec celles qui nous touchent de si près a été clairement démontrée par tous les philologues. D'ailleurs, la richesse de son alphabet, de ses déclinaisons et de ses conjugaisons, qui a servi de modèle aux principaux idiomes à flexions ; la propriété qu'elle a d'employer des in- versions fréquentes et de créer des mots composés, au moins autant que le grec ou l'allemand ; sa noblesse et son élé- gance, sa douceur et son harmonie, qui peuvent la faire comparer au grec et au latin, au persan et à l'arabe, à l'espagnol et à l'italien, sont tout à fait de nature à justifier la curiosité des hommes intelligents.

Troisièmement, tout en attribuant plus que jamais aux chefs-d'œuvre de la Grèce, de Rome et de la France leur su- périorité reconnue et leurs impérissables beautés, nous sommes de ceux qui proclament hautement les droits relatifs de toutes les écoles de littérature, les mérites de la poésie étrangère et les qualités d'une forme d'art moins pure que les nôtres. Or, s'il est vrai (ainsi que nous l'avons rappelé) que l'espagnol et l'italien au XVI e siècle et au début du XVII e , l'anglais et l'allemand dans le cours du XVIII e , comme le grec et le latin à la fin du XV e , ont fortement contribué par leur propagation à élargir chez nous la sphère de la critique et de l'histoire littéraire, ne serait-il point à souhaiter, de nos jours, que l'introduction plus complète de l'Orientalisme dans le domaine commun vînt, par une espèce de nouvelle Renaissance, provoquer au fond des esprits une secousse fa-

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