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350 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

Celui qui est dissimulé n'en chérit qu'une, mais fait sem- blant d'en aimer une autre que celle-là. En vérité, Népomu- cène Lemercier qui, dans son Cours de littérature dramatique, fixait vingt-trois conditions pour la comédie et vingt-six pour la tragédie (et il voulait bien les trouver réunies, les unes dans le Tartufe de Molière, les autres dans YAthalie de Racine), ne se montrait guère plus scrupuleux que Vis- wanâtha et son interprète, et Marivaux a poussé à peine plus loin qu'eux l'analyse des sentiments les plus délicats.

Nous arrivons ensuite aux rôles secondaires. Ce sont les compagnons du héros, tels que Sougrîva, ce singe à face humaine, roi de Kishkindhya et ami de Ràma dans le poëme de Valmikî. Ce sont encore ceux qui l'assistent dans ses en- treprises amoureuses : à savoir, le courtisan (vêta) qui sera subtil, agréable, disert, élégant; l'esclave (tchèta) docile et soumis; le bouffon (vidouchaka), qui se nommera Fleur de printemps ou de tout autre nom bizarre et fera rire par son costume et ses gestes, par ses paroles et ses ac- tions, par sa gourmandise et ses autres défauts ; les fai- seurs de guirlandes, les teinturiers, les marchands de noix de bétel, les parfumeurs. Ce seront ensuite ceux qui l'aident dans les affaires d'état, comme ies ministres, les ambassa- deurs et tous les agents politiques. Après eux viennent les gens du service intérieur : les nains, eunuques, montagnards ou barbares employés pour la garde, pâtres, bossus, muets, frères de lait des concubines; par exemple, Samsthànaka, un des personnages vicieux et plaisants du Mritchakatî. Un passage de la pièce du Collier fait allusion à plusieurs de ces types de bas étage :

A l'approcbe du singe de l'écurie qui avait brisé sa chaîne, les eunuques se sauvèrent, en oubliant la honte qu'ils éprouvent d'or- dinaire à ne pas être comptés parmi les hommes ; le nain effrayé se mit à l'abri derrière les pantalons larges et flottants du cham- bellan; les montagnards et les gardiens des barrières restaient in- trépides devant un tel danger, tandis que les bossus, tremblant

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