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340 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

d'eux des rêveurs, doublés de compilateurs. Cette dispo- sition s'étendait à toutes choses : amoureux des règles et des théories, ils réduisaient en formules les arts les moins élevés. Sarngi-Dêva, savant Cachemirien qui vivait entre le XII e et le XV e siècle de notre ère, rédigea, sous le titre de San- gîta-Ratnâcara, des observations sur le chant et la danse ; on attribua au prince Nacoula un ouvrage d'hippiatrique ; on élabora en style didactique des livres de cuisine, et même un certain Yogatchârya ne craignit pas de composer un ma- nuel, nommé Tchârya-Vidyâ, à l'usage des voleurs. Il n'y avait guère moyen d'aller plus loin ni de descendre plus bas. Mais il était un domaine, où l'intelligence raffinée de la race indienne se donnait plus aisément carrière : celui de la critique. Cette science, en apparence assez moderne, que les Grecs et les Latins ont si imparfaitement explorée, mais que la France et l'Allemagne, à notre époque, ont pratiquée si heureusement, a été cultivée sur ces bords lointains par un bon nombre d'auteurs estimables. On ne saurait se figurer en effet la quantité de rhétoriques et d'esthétiques, qui, spé- cialement pendant le Moyen-Age, avaient cours au sein des écoles hindoues. On n'hésitait point à mettre un Art poétique sur le compte de l'illustre Kâlidàsa; il portait le titre de Strouta-Bodha, et a été traduit en français, en 4855, par M. Lancereau : c'est une espèce de prosodie. Il y avait un ouvrage du même genre par Carnapouraka, intitulé : Alan- kâra-Costoûbha, et l'on estimait fort le Tchandrâlôkà, rhétorique par Djaya. De même Bhôdja, ce prince érudit de Malwa, qui vivait vers 1100 après Jésus-Christ et qui avait, dit-on, également composé une géographie, un com- mentaire sur la philosophie de Patandjalî et un manuel de critique littéraire (le Sarasvalî-Canthâbharana), passait pour avoir écrit le Bhôdja-Prabândha, suite de dialogues sur l'histoire des lettres indiennes, où les listes d'écrivains sont bonnes à consulter, mais où les anachronismes abon- dent et que l'on a quelquefois attribué au pandit Val-

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