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POÈMES SECONDAIRES. 331

plutôt que pour la distraction ; c'est ce qu'attestent ces lignes, tirées de sa préface :

De tous les biens, la science est, dit-on, le plus grand, parce qu'on ne peut ni l'enlever à autrui ni l'acheter, et qu'elle est im- périssable. La science donne la modestie; avec la modestie, on acquiert du talent ; par le talent, on obtient la richesse, par la ri- chesse le mérite religieux, et par suite le bonheur.. L'homme ins- truit possède toutes les qualités; l'ignorant n'a que des défauts : aussi un seul homme instruit vaut-il mieux que plusieurs milliers d'ignorants. Comme on ne peut appliquer un ornement sur un vase que lorsqu'il est neuf, cet ouvrage a pour but d'enseigner la poli- tique aux jeunes gens, en la déguisant sous le voile de la fable.

A cette classe d'allégories sentencieuses peuvent se ratta- cher les Avadânas, recueil de paraboles, dont les Bouddhistes usaient à l'appui de leurs prédications, dont le texte sanscrit est perdu et que M. Stanislas Julien a traduit, en 1859, d'après une version chinoise. Il comprend cent douze apolo- gues, où M. Weber ne serait pas éloigné de voir des réminis- cences assez exactes des paroles attribuées au Bouddha Çakya-Mouni. On n'y retrouve pas trop les digressions et les hyperboles, si fréquentes dans la littérature indienne. Ces apo- logues tantôt recommandent la charité et la pénitence, tantôt donnent des conseils de sagesse mondaine ou même se con- tentent de divertir le lecteur. Plusieurs sont encore arrivés de proche en proche jusqu'à LaFontaine, qui les a utilisés de son mieux, sans en soupçonner le moins du monde l'origine re- culée. Nous citerons à cet égard : V Ane et le petit Chien, les Membres et V Estomac, l'Ane couvert de la peau du Lion, la Tortue et les deux Oies (les deux Canards et la Tortue); le Phénix et la Chauve-Souris (la Chauve-Souris et les deux Belettes) ; le Maître de maison et le flatteur maladroit (l'Ours et l'amateur des jardins). En somme, la littérature brahma- nique ou bouddhique fut une source féconde de narrations, tour à tour fines, graves ou plaisantes, dont plusieurs, depuis bien des siècles, ont été interprétées, imitées, retournées de

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