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chemin, et il les traite, avouons-le, d’une façon fort peu respectueuse ; il parait que, dans l’Indoslan, ils en étaient arrivés à tomber dans les plus grands excès et conséquemment dans un profond mépris. Ecoutons-le un instant :

Quels sont ceux-ci ? Ah ! je le vois, c’est d’abord un djangama souillé de poussière, portant ses cheveux retroussés en une seule touffe ; il a au cou le symbole de Siva, des souliers aux pieds, à la main un fragment de crâne. Cet autre est un Vêchnava; son front du haut en bas est marqué d’une ligne droite; son arc est garni de sonnettes et de plumes de paon ; à son côté pend une besace. J’aperçois des lecteurs de Purânas: ils ont sous le bras les volumes sacrés, entourés de la pièce de drap qu’ils étendront par terre pour s’asseoir ; ils ont des rosaires en main et sur la tète un signe colorié, fait avec du santal. Dans un autre sens s’avancent les superbes Yatis dont l’habillement est teint en jaune ; ils ont des bâtons de bambou ; se contentant du vêtement inférieur, ils étalent l’arrogance de leurs doctrines mensongères. Mais voici l’hypocrisie en personne, les Yoguis, qui, afin de mieux tromper le peuple, comptent pieusement les grains de leur chapelet et couvrent leur corps de cendres de bouse bridée ; ils laissent croître leur barbe; leurs habits ont été trempés dans l’ocre ; ils ont, leur besace pendue à l’épaule et s’enveloppent d’une peau d’antilope noire.

Ils étaient donc, de bonne heure, devenus communs aux bords du Gange, ces faux stoïciens, ces mendiants suspects, ces ancêtres de notre Tartufe. A plus forte raison, au XVIII e siècle, étaient-ils sujets à caution, et Sàmaràdja-Dik- chita les tournait en risée dans sabluette élégante, mais froide, du Dhoûrtta-Nartlaka, jouée pourtant (ce qui est singulier) en l’honneur de Wishnou; il y montrait un dévot de la secte des Sivistes, amoureux d’une danseuse. Plus nous marchons vers le temps présent, plus ces sarcasmes sont accusés. La farce anonyme et assez plaisante du Dhoûrtta-Samâgama met aux prises un djangama et son disciple, deux espèces de frères quêteurs, qui se disputent la possession d’une courtisane: ils choisissent comme arbitre un brahmane, qui décide qu’en at-