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312 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

en Occident par Taylor, Brockliaus, Rosenfranz et Hirzel, peut-être assez ancienne, attribuée à un certain Krishna- Misra, ressemblant à nos vieilles moralités, tirée de la Véddnfa, et où l'Humanité, la Raison, la Contemplation, la Dévotion sont personnifiées.

La seconde série, celle des pièces intimes et romanesques, où la fiction et l'amour dominent, s'ouvrirait par la Statue, de Ràdja-Sékhara, qui nous décrit l'intérieur des antapouras ou harems indiens et qui offre des ressemblances avec Ratnâ- vali; les bizarreries n'y manquent pas. Le roi de Lâta, Tchan- dravarnâ, ayant le malheur de n'avoir qu'une fille, appelée du jolie nom de Mrîngâncâvali, la fait passer (on ignore dans quel but) pour un fils, tout en lui laissant des vêtements fé- minins, et confie ce faux garçon aux soins de la reine de Trilinga et de Calinga. Le roi Yidhyadhara-Malla, époux de celle-ci et ayant d'ailleurs officiellement six autres com- pagnes, n'en tombe pas moins amoureux de Couvalayamàlà, princesse de Countalà, qui a été envoyée à cette cour afin d'y épouser le prétendu fils de Tchandravarnà. Comme si ce n'é- tait pas assez de confusion, la reine, désirant se moquer de son mari qui soupire pour la jeune princesse de Countalà, l'unit à Mringâncâvalî qu'elle croit toujours être un garçon : mais elle est prise à son propre piège; car tous deux se plai- sent réciproquement. Aussi se décide-t-elle à autoriser le galant monarque à épouser par surcroit Couvalayamàlà; ce qui portera à neuf, sauf erreur, le chiffre de ses femmes lé- gitimes. 11 est remarquable queles héros antiques avaient peu d'épouses: Daçaratha, trois ;Pàndou, Dhritaràchtra et Ràma, une seule. Cependant, dans le Raghuvansa de Kâlidâsa, nous avons vu le prince Agnivarna abuser de la polygamie et jouter presque sur ce point avec Salomon de triomphante mémoire. La comédie de Mringâncalékha, par Wiswanâtha, poète de Bénarès, est assez bien versifiée; mais ce n'est qu'un pasti- che de Vicramorvaçl, de Mâlatî et Mâdhava et de Ratnâvali. Il s'y agit d'un prince, épris d'une princesse, séparé d'elle

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