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pas tant pour qu’il s’émeuve à son tour: aussitôt qu’il la rencontre, il la courtise et elle s’enfuit à l’approche de Vâsava- dattâ qui, découvrant l’indiscrète peinture qu’on lui cache fort mal, s’abandonne à une jalousie assez naturelle. Sousangatà a étéchargée par elle d’épier son amie, qu’elle favorise au contraire le plus possible, et, passablement espiègle, elle a l’idée de l’habiller avec des robes et des parures de la reine et d’arranger un rendez-vous entre elle et le prince : Vasantaka est du complot. On se rejoindra, le soir, au jardin, au fond des bosquets fleuris ; mais le hasard y amène d’abord Vâsa- vadattâ, qui, dans l’obscurité, subit en gémissant les ardentes protestations de l’amoureux et les imprudentes épigrammes du confident. Elle relève son voile ; elle menace, elle se plaint, elle raille : c’est la fameuse scène de nuit du cinquième acte du Mariage de Figaro, longtemps avant Beaumarchais.

L’infidèle époux se jette aux pieds de celle qu’il trompait ; il lui demande pardon : il affirme son innocence ou du moins ses regrets, et elle s’éloigne, plus triste encore qu’irritée. Sàgarikà s’avance aussitôt : désespérant du succès de ses amours, elle s’apprête à se pendre à un arbre; Vatsa qui, à ses ajustements empruntés, la prend pour la reine, accourt et détache le nœud fatal, au moment même où la reine revenait vers son époux afin de lui accorder généreuseusement sa grâce. Nouvelle douleur de l’épouse; nouvelles humiliations pour le mari; mais, cette fois, Vâsavadattà est incapable de maîtriser son mécontentement, et elle fait jeter en prison Sàga- rikà et Vasantaka. Celui-ci en sort promptement, parce que c’est un brahmane ; mais Sàgarikà, qui compte y mourir et ne songe même pas en mourant à révéler son véritable nom, envoie à Vatsa en souvenir, par l’entremise de Sousangatà, son collier de diamants. Quant à lui, renfermé dans sa chambre à coucher donHes murs sont revêtus de cristal, il se lamente, il s’évanouit, il est désolé d’avoir offensé une épouse si estimable et aussi d’avoir perdu une si ; charmante maîtresse. Vasoundhara, une de ces femmes armées de sabres qui étaient