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les ministres, l’ayant recueillie, l’ont gratifiée du faux nom de Sâgarikâ et l’ont placée chez la reine en qualité de demoiselle d’honneur, pensant que cette princesse et leur prince en viendront à s’aimer mutuellement et conclueront d’eux-mêmes le mariage que les devins avaient conseillé. Ce sont là des mystères assez invraisemblables, et il faut supposer que la jeune fille s’y est prêtée complaisamment; ces explications indispensables étant données, le reste se prévoit sans peine.

Vatsa se montre à nous, accompagné de son cher confident, le brahmane Vasantaka, et paré fastueusement pour la fête du Printemps qu’on va célébrer : fête qui avait lieu au commencement d’avril et où le grand divertissement était de se jeter les uns aux autres des feuilles de roses, de la poudre jaune ou rouge, du safran pilé ou des eaux de senteur, ce qui rappelle les confetti du carnaval italien. Il est heureux de vivre, ayant une femme comme Vàsavadattà, un ami comme Vasantaka. Les suivantes chantent et dansent; le vêtalika annonce les heures, à la façon des serenos de l’Espagne et des watchmen de l’Angleterre. La reine invite son mari à un sacrifice en l’honneur de Câmadêva (le dieu de l’Amour), dont on adore les images et auquel on apporte des offrandes et des fleurs. Dans son cortège figure Sàgarikà, qui s’enflamme subitement à la vue de Vatsa : telle la timide La Vallière s’éprit du majestueux Louis XIV. Nous la revoyons, près de sa compagne Sousangatà, trahissant le secret de son cœur : elle s’est procuré le portrait du souverain et le contemple d’un œil attendri. Tout à coup, le singe du palais s’échappe et on le poursuit: de là un désordre général ; le portrait tombe, et la sârikâ, que Sousangatà tenait en cage, s’envole. Or, c’est un oiseau, du genre des geais ou des pies, qui a la propriété de reproduire la voix humaine mieux encore que le perroquet ; il ne manque pas d’aller répéter les douces paroles de l’ingénue aux oreilles de Yatsa, qui, de plus, ramasse son portrait égaré, où on s’est amusé à esquisser en regard sur le même vélin les traits de la demoiselle d’honneur. Il n’en faut