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LE THEATRE INDIEN. 0O0

touré par la foule ; il adresse à sa famille de touchants adieux. Râkchasa ne peut plus se contenir : il se jette à travers le cortège et réclame pour lui le droit de mourir que son ami lui dispute ; c'est la généreuse contestation d'Oreste et de Pylade chez Euripide, de Nisus et d'Euryale chez Virgile, de Damon et de Pythias dans l'histoire. Le proscrit est alors arrêté et conduit à Tchânakya qui enfin triomphe ; car toutes ces voies tortueuses, que maintenant il révèle à son adversaire, l'ont mené à son but. Il l'a détaché du parti des ennemis et l'a excité à rentrer à Pâtalipoutra. Il le supplie de consentir à servir Tchandra-Goupta, qui, en somme, est un des fils de son ancien souverain. Il lui fait accepter la dague que portent les ministres et le présente au roi; et, après avoir nommé Tchandanadâsa prévôt des marchands, après avoir ordonné de mettre en liberté tous les montagnards prisonniers et de rendre à Malayakétou le royaume de ses pères, il abdique cette puissance dont il a usé avec tant de dextérité et de vigueur. Le brahmane peut désormais renouer et tresser sa touffe de cheveux pendante ; sa vengeance est noblement satisfaite : rare et heureuse issue de l'intrigue la plus compliquée et la plus singulière !

��Le dernier des ouvrages qu'il nous paraisse convenable d'analyser avec quelque détail se rapporte, ace que l'on croit, au même siècle, au XII e : il est plus court, puisqu'il n'a que quatre actes, et est jeté dans un moule plus banal. C'est un drame intime, assez analogue à celui de Malavikd et Agni- mitra ou à celui de Mâlati et Mâdhava ; il est intitulé Ratnâ- valî ou le Collier, est moitié lictif et moitié historique, et roule sur les amours de Vatsa, prince de Côsâmbi, et de Và- savadatta, princesse d'Oudjayani. Cette tradition était indiquée

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