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LE THEATRE INDIEN. 297

non moins ému à l'aspect de Cousa qui revient d'un lointain pèlerinage, il commence à entrevoir la vérité et enfin l'ap- prend d'une façon fort extraordinaire. En effet, le pieux Vâl- miki, à qui rien ne semble coûter (aux yeux des Hindous, encore plus qu'aux nôtres, la foi transporte les montagnes), construit à la hâte un théâtre aux bords du Gange, et le héros, qui a retrouvé là son père et son beau-père, voit jouer sur ce théâtre sa propre histoire, y compris l'exil et l'enfantement de Sitâ. Les aventures de cette dernière (il n'est pas inutile de le faire remarquer) ont un certain rapport avec la fameuse lé- gende de Geneviève de Brabant, cette princesse innocente et per- sécutée, abandonnée aussi dans les bois et retrouvée également par son mari. On juge de l'émotion de Rama: l'anachorète lui rend sa noble épouse et ses deux dignes fils; la reine est hautement justifiée par la protection des dieux ; le peuple convaincu se prosterne respectueusement, et une brillante apo- théose termine cette pièce, où, en dépit de quelques remplis- sages et d'un peu de fadeur, respirent les sentiments élevés et honnêtes qui animent en général la poésie sanscrite.

��IV

��Bhavabhoûti, sans appartenir à une période bien ancienne, passait assez justement pour un des écrivains classiques de l'Inde; il laissa des successeurs estimables. Je mentionne- rai, entre autres, Visâkhadatta, auquel on doit un drame en sept actes: le Moudrâ-Râkchasa ou Y Anneau du minis- tre; on l'a supposé fils du mâharâdja ou grand prince Prilhou, qui régnait à Ajmir à la fin du XII e siècle et qui fut tué dans une bataille par les Mahométans. En tout cas, ce drame, qui a exercé plus d'un commentateur indi- gène, nous offre un intérêt particulier, en ce qu'on n'y parle nullement de mythologie ni même d'amour, et

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