Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE THÉÂTRE INDIEN. 289

leur insu par les événements à exécuter d'instinct et de tout cœur les plans anticipés de leur famille. Le héros, Mâ- dhava, est un noble étudiant, fils du brahmane Dévaràta, mi- nistre à Goundinîpoura : il aime Màlatî, fille du secrétaire d'État Bhoûrivasou. Un second couple donne la réplique au premier, ainsi que dans nos opéras-comiques; c'est Maca- randa, ami de l'étudiant, qui est épris de Madayantikâ, con- fidente de la jeune fille et sœur de Kandana, favori du roi : ce sont tous gens de la meilleure société. En outre d'une sœur de lait de Mâlatî et d'un domestique de Màdhava, ajoutez à ces divers rôles ceux d'un prêtre de la terrible déesse Tchâ- moundâ, d'une prêtresse de la même divinité, d'une autre prêtresse de Bouddha, nourrice de Màlatî et institutrice de Màdhava, et de trois élèves de cette dernière, dont une pos- sède des pouvoirs magiques. L'élément religieux et le mer- veilleux y sont donc largement représentés. Le tout forme un ensemble, que les pandits indigènes admiraient fort, que Colebrooke et Wilson ont également loué, mais que nous jugeons, quant à nous, assez pâle, et assez froid et que nous résumerons rapidement.

La mendiante Câmandakî (les personnages de ce genre étaient fort vénérés dans l'Inde) s'est mis en tête d'accomplir, en favorisant leurs penchants mutuels, le mariage, convenu jadis par leurs parents, entre Mâlati qu'elle a nourri et Mà- dhava qu'elle a élevé. Elle remplit un peu l'office du frère Laurent de Roméo et Juliette et, de même que, dans l'expo- sition du drame shakespearien, Roméo apprend à son cousin Benvolio sa passion naissante pour Juliette, ici, dès le début, Màdhava raconte à son camarade Macaranda comment il a rencontré Mâlati au temple de l'Amour (ces rencontres ga- lantes en des lieux consacrés étant alors aussi communes qu'elles le furent en Grèce et qu'elles l'ont été depuis en Espagne ou en Italie), comment il s'est persuadé qu'elle le connaissait déjà, à la façon bienveillante dont elle le regar- dait, et comment elle a regagné la ville, montée sur son élé-

19

�� �