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284 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

une branche, au moyen de laquelle elle se relève, et il l'em- mène à une petite distance, dans un couvent de religieuses de son ordre où elle recevra le meilleur accueil.

Le neuvième acte, qui n'est pas sans quelque analogie avec le quatrième du Marchand de Venise de Shakespeare, nous présente l'intérieur d'un tribunal hindou; un juge, un prévôt des marchands et un greffier y siègent. L'infâme Samsthânaka, vêtu de ses plus beaux habits, a l'audace de paraître à la barre, de dénoncer le meurtre de Vasantasénà et d'en ac- cuser Tchàroudatta, qui, selon lui, aurait ainsi espéré ravir l'immense fortune de la morte; sa déposition, odieuse au fond, est aussi ridicule que possible dans la forme. On va chercher le brahmane que de mauvais présages rendent in- quiet, la mère de la courtisane qui avoue les relations de sa fille avec lui, Mêtréya sur lequel on saisit les joyaux donnés par elle au petit Rohaséna et qu'on suppose volés : toutes les circonstances, tous les indices concourent à perdre le mal- heureux. En vain son commensal plaide sa cause et rappelle les libéralités continuelles qui l'ont appauvri ; en vain le juge lui est favorable et rend hommage à sa réputation de vertu; en vain son accusateur est l'objet du mépris public: les apparences l'accablent. Pàlaka, sur les instances de son beau-frère, le condamne à être conduit dans un cimetière au son du tambour, portant au cou les bijoux de celle qu'il semble avoir égorgée, et à y être empalé et décapité, quoique la loi, vu la caste à laquelle il appartient, n'autorisât que son bannissement et la confiscation de ses biens. Que lui importe? Sa Vasantasénà n'est plus ; la vie lui est à charge; il lègue au fidèle Mêtréya la mission de protéger sa femme et son enfant et, prêt à mourir, il voue ainsi le tyran à toutes les tortures d'une autre vie :

Hélas ! mon pauvre ami, si Ton m'avait accordé la faveur d'une enquête légale, si l'on m'avait imposé des épreuves, celles de l'eau, du poison, des balances ou du feu, et que l'événement eût tourné contre moi, la sentence aurait été régulière. Du moins, je serai

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