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•2^2 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

qu'il lui avait envoyée s'avance; mais son étonneraient est extrême, lorsqu'au lieu d'elle il n'en sort qu'Aryaka le fugitif, dont il détache d'ailleurs les chaînes et dont il achève de protéger l'évasion, au risque de s'attirer la vengeance du tyran. Le huitième acte, qui est beaucoup plus long, se passe au même endroit et nous montre le garçon de bains, qui a figuré au commencement et qui est devenu un de ces men- diants bouddhistes, médiocrement estimés à cette époque, mais non pas encore persécutés par les Brahmanes. Celui-ci chante des stances morales, que des stoïciens ou des chrétiens n'auraient pas désavouées :

Mes amis, que la vertu soit votre unique bien; réprimez vos passions inquiètes. Faites résonner le lambourde la méditation et veillez sans relâche sur chacun de vos sens ; ce sont autant de larrons en embuscade, prêts à piller les trésors de votre dévo- tion. — Que les hommes se rappellent que cette vie doit finir et que de toutes nos espérances il ne nous restera que la sagesse ; qu'ils luttent contre l'orgueil ; qu'ils triomphent de l'ignorance. Une ville n'est en sûreté que quand tous ses ennemis sont vaincus et dispersés. — A quoi bon couper votre barbe et votre chevelure, quand votre cœur lui-même est hérissé de vices? Employez le fer à l'intérieur ; qu'importe que le corps soit sans grâce et sans orne- monts? Purgez votre âme de sa vanité et de ses mauvais pen- chants: alors, seulement alors, vous serez beaux!

Tout en se livrant à ces réflexions pieuses, il lave son vête- ment dans l'eau d'une fontaine: mais il est surpris par Sams- thânaka, à qui ce jardin appartient et qui y arrivait, escorté de son précepteur. Ce noble personnage est bien le digne an- cêtre des amoureux imbéciles et burlesques de nos féeries, si célèbres par leur toque à panache et leur tunique couleur d'abricot ; il tire un énorme sabre, bat le mendiant, menace de le pourfendre et le chasse avec fureur. Le souvenir de Yasantasénà le ramène à de plus riantes pensées ; il chante faux en son honneur; que ne sacrifierait-il point pour la fléchir? Précisément voici dans l'équipage du prince celle qui y était entrée par mégarde; Samsthânaka commence

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