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poursuivie de près par Samsthânaka, un galant ridicule, sensuel et ignorant, fanfaron et lâche, mais très-orgueilleux ; car il a l’honneur d’être le beau-frère du tyran Pùlaka qui règne à Oudjayanî et contre lequel se prépare en secret une révolte. Accompagné de son vita, espèce de précepteur indulgent et goguenard, il accable la belle des madrigaux les plus niais et les plus impertinents, l’apostrophant ainsi tour à tour : « Flambeau du dieu qui vole les cœurs et les écus, gracieux bleuet des champs de l’amour, intarissable trésor de coquetterie et de volupté,, plat savoureux de la passion, gouffre qui engloutis la fortune des citoyens, idole somptueusement pomponnée, princesse banale et débonnaire, maitresse dans l’art de la joyeuse science, surintendante des plaisirs faciles, vertu d’humeur commode! » Des apostrophes si flatteuses, le croirait-on? manquent leur effet. Et le vita de faire chorus avec lui :

Pourquoi sortir de votre caractère? La demeure d’une dame galante est le refuge de la jeunesse ; une courtisane ressemble aux plantes qui croissent le long du chemin. Sa personne est une marchandise; son affection s’achète argent comptant; elle a des compliments pour celui qui est disgracié de la nature comme pour celui qui est tout aimable. Le sage et l’idiot, le dévot et l’excommunié se baignent au même torrent ; le vil corbeau et le paon superbe se perchent sur les branches du même arbrisseau; le prêtre, le noble, le marchand, les individus de toutes les castes naviguent sur le même bateau, et, pareille au bateau à l’arbrisseau, au torrent, la courtisane sert à tout le monde.

Par malheur pour eux et leurs belles maximes, celle-ci n’est pas une courtisane ordinaire: sa fortune est considérable, et ses moyens lui permettent d’aimer qui et quand elle voudra. De plus, son âme, fatiguée des liaisons vénales, était restée toute neuve pour une véritable tendresse : cette tendresse, elle l’éprouve, et cela la préserve de toutes les séductions grossières. Dernièrement, au temple de Càmadéva (le Cupidon des Hindous), elle a rencontré un bràhmane à l’air