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I K THEATRE INDIEN. !'(>/

Sganarellè, malicieux et rusé sous des dehors simples et naïfs, peu discret, peu sobre, peu brave, mais dévoué sincèrement à son maître, excitant le rire par son extérieur, son cos- tume, ses allures, et (nous l'avons fait remarquer) appartenant presque invariablement à la classe des brahmanes, dont les Indiens se moquaient au théâtre autant qu'ils les respectaient dans l'exercice de leurs fonctions. C'étaient, d'un autre côté : la favorite, la confidente, une sœur de lait, une nourrice, une suivante, des prêtresses, des artistes ; sans compter les figu- rants des deux sexes, esclaves, eunuques, muets, nains, montagnards, soldats barbares, Uhandalas ou gens de basse extraction qui fournissaient les agents de la police et les bourreaux, et ces bataillons de femmes armées, qui mon- taient la garde devant les palais des souverains, comme les Amazones du roi de Siam ou du négus d'Abyssinie. On le voit, le personnel théâtral était aussi varié que sur nos scènes mo- dernes; seulement il ne servait que de loin enloin, se recru- tait sans peine et ne devait pas coûter cher.

La finesse, propre au génie indien, se retrouve dans les interminables détails de leurs traités de rhétorique sur les impressions communiquées aux spectateurs et sur les dispo- sitions prêtées aux personnages. Ces dispositions pouvaient être durables, et alors il y en avait huit ou neuf: le désir, la joie, le regret de la séparation, le ressentiment, la grandeur d'âme, la crainte des reproches, l'aversion, la surprise, le dé- dain. Elles étaient précédées ou accompagnées de certains symptômes et se trahissaient par des signes physiques, tels que l'immobilité, une sueur abondante, des cheveux hérissés, l'altération de la voix, le tremblement des membres, le chan- gement de couleur, les larmes, la stupeur. Ou bien ces dis- positions étaient accidentelles, et l'on n'en comptait pas moins de trente-trois, qui se répétaient parfois l'une l'autre et qu'il serait fastidieux d'énumérer. Quant aux impressions, qu'on s'efforçait de faire partager au public et qui étaient l'es vrais fondements du drame, notre système classique, re-

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