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Je curiosité, l’introduction de deux acteurs subalternes : le pravésaka, qui siégeait sans doute près des coulisses, à l’instar d’un régisseur, pour signaler les changements de décors et l’entrée ou la sortie des acteurs, et le vichcambhaka, chargé d’occuper les entr’actes et d’égayer l’assemblée par des lazzi ironiques ou grotesques, à la manière de l’Hans-Wurst des Allemands, de l’Arlequin des italiens ou du badin de nos vieilles farces françaises. Les théoriciens admettaient cinq éléments constitutifs pour une action scénique, cinq conditions pour viser au but de cette action, cinq séries d’incidents par lesquels on atteignait ce but, si bien que, de subdivisions en subdivisions, on arrivait à soixante-quatre combinaisons possibles, dont nous faisons grâce à nos lecteurs.

Nous observerons la même discrétion en examinant les caractères des personnages. C’étaient des dieux ou des demi-dieux, ou des hommes de conditions variées, des types mythiques ou traditionnels, réels ou inventés, anciens ou actuels. Le héros pouvait avoir huit qualités dominantes, chacune de ces qualités à six degrés divers ; ce qui formait quarante-huit catégories et même cent quarante, en tenant compte de sa naissance plus ou moins relevée. On est ébloui, étourdi, effrayé par un semblable luxe de couleurs, de nuances, de teintes poétiques et morales; c’est l’analyse microscopique, appliquée à la peinture des passions. Les portraits des héroïnes étaient également étudiés à la loupe, et ils offraient une variété extraordinaire. On y voyait figurer : dans les pièces du genre fantastique ou légendaire, des déesses, des nymphes, des saintes, des rivières ou des forêts personnifiées, des sorcières, des ogresses; dans les pièces moins idéales, des femmes d’ermites et des religieuses, des princesses et des demoiselles d’honneur, des savantes et des courtisanes. Il est à remarquer que, si les jeunes filles chez les Hindous ne paraissaient en public qu’avec réserve, si elles s’abstenaient souvent d’aborder et d’interroger les étrangers ou de