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KALIDASA. 253

gourmand et coniident servile du prince. Nous avons fait ob- server plus haut que les poètes hindous usent et abusent de ces peintures de brahmanes vicieux ou ridicules: véri- tables caricatures, par lesquelles la malice, inhérente à l'homme, prenait sa revanche contre le despotisme sacer- dotal. Enfin, Sakuntala cède au sentiment secret qu'elle s'ef- force d'étouffer en elle; après une des plus jolies scènes d'amour qu'on ait jamais vues au théâtre, iDouchmanta l'é- pouse, bien que déjà marié plusieurs fois. Forcé de rentrer dans Hastinapoura, sa capitale, il l'a laissée sous la garde des ermites. Kamva, non sans lui donner d'excellents conseils sur la vie conjugale, la fait partir pour la cour de son époux ; car bientôt elle doit être mère. Ici survient une étrange pé- ripétie : Sakuntala, absorbée dans son amour, avait négligé un devoir d'hospitalité ; cette légère infraction l'expose à la malédiction de Dourvàsas, le plus irascible des ermites. L'a- nathème a pour effet de troubler les regards et la mémoire du monarque: à l'aspect de la jeune femme, il la trouve belle, il l'admire, il la plaint; mais il ne la reconnaît pas, et sa vertu l'empêche même d'écouter ses tendres paroles. On juge de la surprise, de la douleur et de la colère de Sa- kuntala, dont le langage alors s'élève jusqu'à l'éloquence. Un anneau, que Douchmanta lui avait passé au doigt, pourrait le convaincre de son erreur; elle l'a perdu : elle s'éloigne avec un désespoir silencieux et résigné. Heureusement, dans les drames, comme dans les romans, les anneaux perdus se retrouvent toujours; justement, un pêcheur a retrouvé ce- lui-ci dans le corps d'un des poissons du lac voisin et le rap- porte au roi. La vue de cet objet lui rend la raison, mais le remplit de remords; il se livre à la pénitence, publie les lois les plus justes et les plus charitables, et gémit de ne transmet- tre à aucun héritier de son sang tant de gloire et tant de puissance: tout finitpar s'arranger, grâce à l'intervention des dieux. Au septième acte, que plusieurs années séparent du sixième, Douchmanta rencontre dans un ermitage un petit

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