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KALIDASA. 437

vont chanter de ville en ville le poëme de Vâlmiki, leur maître, et la gloire de Râma, leur père. Dans leurs poétiques ex- cursions, ils arrivent à la cour d'Ayodhya ; leur jeunesse, leur talent, leur beauté émeuvent les courtisans et les prin- ces, et c'est ainsi que Râma retrouve ses deux fils qu'il n'avait pas vus encore. Cette reconnaissance, bien plus courte que celles d'Electre et (Ylphigénie si vantées depuis Aristote, est vraisemblable et touchante comme celle de Joseph dans la Bible. Ràma court à la forêt des ermites et en ramène Sîta; mais la noble héroïne a terminé sa tâche ici-bas : elle ne désire plus vivre; elle ne tient qu'à mourir disculpée. Un miracle la justifie et, selon son vœu, la terre l'engloutit ; dès lors tout est fini également pour Râma. Partageant ses États entre ses trois frères et leurs enfants, bénissant ses parents et ses peuples, il s'élève vers les cieux, environné de lumière ; Lakshmana et presque tous les habitants d'Ayodhya vont par douleur se noyer dans les eaux du Sarayou, et le héros in- dien, redevenu le dieu Wishnou, crée un ciel de plus pour recevoir ces victimes de leur dévoûment.

Songes, prosopopées, parallèles, descriptions, sentences : aucun des ornements classiques ne manque à la suite de ce poëme, où Kàlidàsâ nous dépeint avec une grande variété de touches et d'effets l'aimable Kouci, le sage Atithi, vingt autres rois plus ou moins vertueux, enfin le pieux Soudarsana et son indigne fils Agnivarna. Celui-ci est le seul roi de toute cette dynastie qui ne soit pas bon; encore est-il plutôt faible que méchant. Le dernier chapitre de l'ouvrage lui est con- sacré; c'est une galerie de figures riantes et de peintures erotiques. Quel type curieux et vraiment oriental que celui de ce jeune insensé, épuisé par l'abus du despotisme et de la débauche, se montrant à peine aux peuples accourus pour voir leur souverain, enivrant ses nombreuses épouses, dan- sant avec elles, excitant leur coquetterie et méritant leur colère, courant des reines aux villageoises et des bayadères aux servantes, se mourant d'un excès de voluptés et voulant

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