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KALIDASA. ±11

se met en route et, de même que dans la légende hellénique des noces de Thétis et de Pelée, tous les dieux descendent du ciel pour prendre part à la fête. Kâlidàsa n'oublie rien : ni leur marche triomphale, ni le cortège des parents et des amis d'Himalaya, ni les présents d'usage, ni la joie mutuelle des deux fiancés. Regards échangés, mains qui se pressent, seins qui s'agitent, tout y est, et en lisant ces agréables détails, on ne se rappelle plus guère qu'il s'agit de Siva, le dieu de la destruction, et qu'Uma est la même que Dourgâ, cette divinité sanguinaire, à laquelle l'Inde oflrait des victimes humaines; ces mythes obscurs et atroces s'adoucissaient sous la plume brillante de l'aimable poète. Enfin, le pourohita (prêtre de la famille) célèbre le sacrifice nuptial, sous les auspices de Bràhrna. La joie nous rend meilleurs ; on de- mande à l'heureux époux la grâce de Kàma : l'Amour res- suscité est rendu aux caresses de la Volupté, et Siva entraîne tendrement sa compagne vers cette couche d'où sortira bien- tôt le guerrier Kartikéya, l'ennemi des démons et le sauveur des dieux. Ainsi se termine comme une féerie ce fragment d'épopée, qui a son unité et ses proportions relatives et où Kâlidàsa, à défaut de profondeur et d'énergie, a su répandre tant d'élégance et tant de grâce.

��IV

��Si le Kumâra^Sambhâva devait être une sorte de théogo- nie, le Raghuvansa était un poëme généalogique, une chro- nique versifiée dans le genre des Annales d'Ennius ou de nos épopées carlovingiennes, avec un emploi plus fréquent du merveilleux. C'est de l'histoire, telle que les Indiens la fai- saient : vague, plutôt morale qu'héroïque et fort voisine de la fable. On sait qu'ils disaient avoir eu, à l'origine, deux dynasties, issues l'une du soleil, l'autre de la lune. Les cinq

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