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main de sa fille, arrivent à Osliadiprastha, capitale du prince des montagnes, bien digne d’être jointe à tous les Eldorados que la poésie sanscrite aime à retracer : ce ne sont que galeries en cristal de roche, palais superbes, pavillons de verre, tours élevées, bannières flottantes, jardins embaumés, bois épais. Himalaya accueille à merveille les sept ambassadeurs ; c’est un curieux échange de longues harangues et de com- pliments flatteurs : jamais père dont on vient demander la fille en mariage ne se montra plus hospitalier ni plus prévenant. Les altitudes variées d’Uma qui baisse les yeux ; de Mena, sa mère, fondant en larmes à l’idée de la perdre; du père, fier et joyeux d’une union si brillante ; des assistants curieux eu dévoués, composent un petit tableau de genre, plein de coquetterie et de grâce. Le terme de ces noces divines a été fixé à trois jours : la ville d’Oshadiprastha est en fête, la maison d’Himalaya en tumulte. Là encore, Kâlidasa laisse échapper de ces traits naturels et touchants qui le rattachent à la famille des Euripide, des Virgile et des Racine :

Quuiqu’ils eussent une foule d’enfants, le père et la mère d’Uma concentraient alors toutes leurs pensées sur elle, comme s’ils la revoyaient après un long temps ou comme si elle venait de ressusciter ; c’est qu’elle allait se marier. Du sein de l’un elle passa sur le sein de l’autre; elle fut comblée par tous de bénédictions et de présents. L’amour de sa famille entière, bien que ressenti par tant de membres, retournait vers elle ainsi que vers un centre commun... Sa mère saisit entre deux doigts de la poudre d’or humide et de la teinture rouge, et releva la tète d’Uma, aux oreilles de laquelle pendaient de brillants anneaux. Le signe des cérémonies nuptiales, ce signe qu’elle voulait lui imprimer depuis si longtemps, dès le jour où les seins de la jeune vierge avaient commencé à se développer, Mena maintenant hésitait à le tracer sur le front de sa fille ; ses yeux étaient baignés de pleurs,

C’est ainsi que parle la nature, sur les rives de l’Indus aussi bien que sur celles du Céphise, du Mincio ou de la Seine. Cependant Siva s’est également paré ; le dieu terrible devient aimable. Porté par un taureau, entouré de génies, il