KALIDASA. 217
��II
��Analysée en français par Chézy, traduite en vers anglais par Wilson, en vers allemands par M. Max Mùller, l'élégie du Mégha-Dûta ou du Nuage messager est depuis longtemps familière à ceux qui s'occupent de la littérature sanscrite. Malgré sa brièveté, puisqu'elle ne contient que cent treize qua- trains, elle est d'une élégance et d'une correction telles que les critiques indiens la classent parmi les Mahâ-Câvyas ou grands poèmes. La première partie, toute pittoresque, est un peu froide ; la seconde, purement sentimentale, est naturelle autant que la poésie orientale peut l'être et gracieuse comme la plupart des inspirations de Kâlidâsa. Le titre indique le sujet. En effet, un yaksha, un de ces génies qui veillent sur les trésors de Kouvéra, le Plutus indien, ayant commis en- vers son divin maître un acte de négligence, est condamné par lui à passer une année entière sur les montagnes, déchu de toute grandeur et séparé de son épouse. Apercevant dans le ciel un splendide nuage que pousse le vent, il le prie d'aller porter à sa compagne, triste et isolée, les plaintes de son isolement et de sa tristesse. Ici commence une série de stances, remplies de termes géographiques, où l'auteur décrit l'itinéraire que le Nuage messager devra suivre. Cris des paons, parfums des autels sacrés, jeux des bayadères, mille séduc- tions viendront l'assaillir ; mais il marchera toujours en avant, toujours vers son but. Si parfois il se repose sur les plus hauts sommets, ce sera pour soulager les hommes, en étei- gnant par ses pluies l'incendie des forêts ou en les épan- chant sur le sol desséché. Enfin, il atteindra le séjour favori de Kouvéra, cette cité d'Alaka, si regrettée et si chère, où les femmes font résonner le tambourin dans des concerts perpétuels, où les yakshas aspirent de délicieux breuvages,
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