Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE RAMÀYANA. 201

Sougrîva, est député vers Râvana comme un héraut d'armes, chargé de lui porter en même temps un ultimatum et un défi: qu'il cède le trône à son frère Vibhishana, qu'il rende à son légitime possesseur la princesse qu'il a indignement ra- vie, ou sinon malheur à lui ! Mais le tyran est endurci dans le mal: il fait saisir le parlementaire, qui parvient pourtant à lui échapper. Nous devons abréger des récits, trop sou- vent semblables, dont les ornements d'une poésie exubérante et les mérites d'une langue admirable déguisent seuls l'ari- dité. Les assiégeants veulent prendre Lanka par escalade : l'attaque est hardie, la résistance est opiniâtre, la furie est égale des deux côtés. C'est une série de provocations réci- proques, d'assauts nocturnes, de duels acharnés, tels que nous avons l'habitude d'en trouver à chaque instant chez Homère et Virgile, chez Stace ou le Tasse. Sur le champ du combat, Indradjita, fils de Râvana, a offert un sacrifice au dieu du Feu : du brasier qu'il a allumé sort un chariot en- chanté à quatre chevaux où il monte; par des moyens ma- giques, il étend à terre Rama, Lakshmana et une foule de singes, couverts de blessures; puis il retourne triomphant conter ses exploits à son père. Celui-ci tout joyeux ordonne à l'ogresse Tridjatâ de conduire Sità dans la mêlée sur le char Pouchpaka, afin que, de ses propres yeux, elle contemple le massacre de ses champions et la ruine de ses espérances. La fille de Djanaka croit d'abord à la mort de son mari; mais il revient à lui, il cherche à ranimer son frère, et tous deux sont guéris miraculeusement par l'aigle divin Garouda. Râ- vana, que les cris d'allégresse de l'armée ennemie troublent au sein de sa victoire, lance en avant de nouvelles troupes, de nouveaux chefs, des ânes sauvages, des chevaux de guerre, des éléphants. On échange de terribles coups d'épée; on dé- racine les monts et les bois pour se les jeter à la tête ; la confusion est à son comble: les amis eux-mêmes s'entre- tuent à travers les ténèbres. En vain la blonde reine Mandandarî conjure son époux de

�� �