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180 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

officiers viennent, suivant l'usage, observer les formalités de l'étiquette et régler tous les détails du lever royal; les bardes et les chanteurs, les baigneurs et les eunuques s'approchent du lit où repose le souverain ; on attend respectueusement son réveil: il ne se réveillera plus. Alors éclatent la surprise et la tristesse : ses trois cent cinquante femmes, principalement Kàusalyâ et Soumitrà, courent de part et d'autre en proférant des cris lamentables. Le bràhme Yasishtha [envoie prompte- ment des messagers à Bhàrata et à Satroughna, qui demeu- raient chez leur aïeul maternel. Bhârata rentre à Ayodhyà ; il est tardivement informé des événements qui se sont passés depuis son départ : mais Kêkéyi a beau étaler à ses regards toutes les pompes de l'empire qui lui est destiné; sa loyauté s'indigne des intrigues et des sentiments de sa mère. C'est encore là un de ces cœurs généreux que les épopées de l'Inde se plaisent à nous faire admirer. Il exècre une ambi- tion, si féconde en malheurs et en fautes ; il déplore le ban- nissement de deux de ses frères et d'une de ses belles-sœurs : il rougirait d'accepter un sceptre que souilleraient le sang ou les larmes. De ses propres mains, il étend son vénérable père dans le cercueil, le couvre de riches vêtements et d'es- sences parfumées, et préside à ses funérailles.

Les domestiques du palais marchent en tête : ensuite, on porle le feu sacré, béni par les Brahmanes; on voit s'avan- cer des chariots, chargés d'or et de pierreries qu'on distri- buera aux indigents; les poètes, les bardes, les panégyristes célèbrent les louanges du monarque tant regretté. Bhàrata et Satroughna, ces nobles princes, ont chargé eux-mêmes la bière sur leurs épaules et la transportent en pleurant jus- qu'aux rives de la Sarayoû, dans un endroit tapissé d'un frais «azon, où l'on construit un bûcher avec des bois d'aloès et de santal. Les Brahmanes y déposent le corps, et après lui les vases, la cuiller, le pilon, le mortier qui ont servi aux sacrifices, les anneaux de la colonne à laquelle on attache les victimes, des'" touffes d'herbes consacrées. On chante des

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