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fois religieuse, littéraire et pratique, où la science n’était jamais séparée de la vertu et où les plus hautes aspirations de l’àme se joignaient aux plus utiles exercices du corps. C’était l’âge d’or de la royauté ; de telles leçons devaient porter d’heureux fruits; aussi, tandis que notre histoire nationale ne propose guère à notre admiration, et avec bien des réserves encore, que trois monarques, voués au culte de l’honneur et de la justice, un Louis IX, un Louis XII, un Henri IV, les annales de l’Inde nous offrent, à chaque page, des Trajan et des Marc-Aurèle; il est vrai, hélas! que ces annales sont fabuleuses.


III


Le second chant, Ayodhyâ-Khânda (le livre d’Ayodhyâ), nous montre Ràma, orné de toutes les qualités et de tous les talents, que Ion va déclarer youvâ-radja (jeune prince), c’est-à-dire héritier présomptif de la couronne: son père, sa mère, son épouse, le plus dévoué de ses frères, Lakshmana, unissent en sa faveur leurs conseils, leurs prières, leurs larmes de joie. La cérémonie de sa proclamation, qui correspond assez bien à celle du sacre chez certaines nations anciennes ou modernes, a lieu avec des détails très-caractéristiques. Rama se purifie de toute faute, entre dans le sanctuaire domestique, épanche sur les flammes d’un brasier une coupe remplie de beurre clarifié ; puis, s’astreignant à la chasteté et au silence, il se couche paisiblement auprès de la belle Sitâ, sur un lit de verveine, à l’entrée d’une chapelle dédiée à Wishnou. Le lendemain matin, il se lève, prie dévotement, revêt une robe de lin sans tache et donne le signal des chants aux musiciens et aux poètes. La ville entière s’agite et se pare : ce ne sont partout qu’étendards, guirlandes, nuages d’encens, troupes de comédiens et de danseurs. Au milieu