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LE RÀMAYÀNA. "I 63

zarres de quelques peuplades à peau jaune ou cuivrée, en guerre avec les noirs et plus accessibles à l'influence des blancs. Les anachronismes, même volontaires, abondent, puisque Yàlmîkî, l'auteur supposé du poëme, y figure au début de l'action, ainsi que le fait l'Orphée grec dans le fragment des Argonautiques qui lui estcomplaisamment attri- bué, puisque Ràma est mis en contact avec des personnages qui appartiennent aux époques les plus différentes, puisque même deux Ràmas sont en présence. Toutefois, ces gigan- tesques inventions devaient avoir une base réelle, et tout porte à croire que, sous ces récits d'aventures merveilleuses, subsiste un vague souvenir des luttes successives de trois races diver- ses. Les poètes n'ont eu qu'à idéaliser ces réminiscences semi-historiques, qu'à les agrandir et à les élargir en tous sens, qu'à y mêler partout les subtils ornements de l'allé- ejorie ou les brillantes chimères de la fable.

��II

��Ces remarques préliminaires seront pleinement confirmées par l'analyse même du poëme. UAdi-Khânda (ou premier chant), certainement le plus récent des sept, aura été grossi par mainte intercalation faite après coup. Il débute par une invocation, adressée au divin Bràhma, à Saraswati, déesse de la parole et de la poésie, à Ràma qui sera le héros de l'épo- pée, et (chose plus extraordinaire) à Yâlmiki qui en est ré- puté l'auteur. Yâlmiki, qui n'est pas seulement un chantre sacré, mais aussi un pieux ermite, un rishi (sage par excel- lence), conjure Nàrada, un des dix pradjâpatîs (ou patriar- ches) de lui apprendre la vérité sur ce Rama dont parlent les trois mondes : le prophète la lui révèle, en lui esquis- sant les principaux événements de cette miraculeuse exis- tence, et il le charge de la retracer dans des vers inspirés.

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