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144 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

d'effet, ses efforts restent impuissants, et ses sauvages adver- saires enlèvent les plus belles femmes du cortège. Désespéré d'un tel échec, le premier qu'il ait subi dans sa vie, s'incli- nant sous la loi irrésistible de la fatalité, il regagne triste- ment son royaume ; il y établit cà et là les Yadàvas qu'il a ramenés à sa suite et, après une visite à l'anachorète Vyàsa, le même qui passait pour avoir composé le Mahàbhârata, il revient à Hastinapoura annoncer à ses frères que la protec- tion des Immortels les abandonne et qu'il est temps de faire le grand voyage.

��X

��Ce grand voyage fournit précisément la matière et le titre du dix-septième livre (Mahâprasthânika-Parva), dont M. Foucaux a traduit une partie, et qui inaugure la mystique conclusion de cette incommensurable épopée. Youdhichthira est consterné; il a découvert que Krishna, son allié fidèle, était, sous une forme humaine, le tout-puissant Wishnou ; il gémit sur le massacre effroyable de ces Yadàvas, qui se sont égorgés pendant un banquet. Sa tâche ici-bas lui semble finie : à son tour, il déclare aux Pàndavas qu'il veut monter au ciel : tous quatre le comprennent, l'approuvent et le suivront. Il règle le partage de ses États; Yajra, l'unique reste de la race de Yadou, se fixera dans la ville de Sakraprastha ; Pâ- rikchita, petit-fils d'Ardjouna, occupera celle d'Ilastinapoura, et il aura Kripa pour conseiller. Après avoir offert de pieux hommages aux mânes de ses aïeux, donné aux brahmanes des trésors, des maisons, des villages, des terres et des fem- mes par centaines de mille et dit adieu à ses sujets que son départ désole, Youdhichthira, suivi de ses quatre frères et de Draupadî, leur commune épouse, endosse le vêtement d'écorces, costume habituel des ascètes, et s'éloigne malgré les larmes de tout un peuple :

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